Une FinTech de l’immobilier quitte Londres à cause du Brexit
Les conséquences du Brexit sur les start-up financières londoniennes
Selon EY, la Fintech génère un chiffre d’affaires de 6,6 Mds£ et emploie 5% des effectifs du secteur financier en Grande Bretagne, en rivalité directe avec New York, Singapour, Hong Kong et l’Australie. Bien que Sharon Bowles, Membre du Parlement, ait précisé en novembre dernier que la régulation ne serait pas allégée en quittant l’Europe, il semble que de nombreux gestionnaires de fonds aient voté pour le Brexit. Le coût des régulations européennes est estimé à 2 Mds£ par an. Emmanuel Lumineau, CEO de la Fintech “BrickVest”, qui a 15 ans d’expérience dans la technologie, l’immobilier et les infrastructures dans l’énergie, a bien voulu répondre à nos questions concernant le Brexit.
Quelle est votre activité ?
BrickVest innove, car c’est la première plateforme digitale pan-européenne d’investissement immobilier. Basée à Londres, elle permet aux investisseurs de réaliser des placements immobiliers de qualité institutionnelle, dès 1.000 euros d’apport. Ils ont ainsi accès à des biens qui n’étaient jusque-là réservés qu’aux fonds de pensions, aux assureurs ou à des Family Offices. Mes deux associés fondateurs et moi-même voulons révolutionner l’investissement dans la pierre, soucieux de baisser les coûts, d’améliorer la liquidité, de gagner du temps et de la transparence. Créée fin 2014, BrickVest est devenue pleinement opérationnel en février 2016 après une levée de fonds de 1M£.
Quelle est votre taille ?
Nous sommes 15 salariés. Nous sommes épaulés par 25 Angels, qui outre des capitaux, nous épaulent dans notre développement. Nous sommes présents à Londres et à Berlin et comptons déjà 2.000 membres internationaux inscrits sur notre plateforme.
Pourquoi Londres ?
Londres était une évidence car elle était la capitale de tous les intérêts. Nous y sommes au cœur du capital market, en contact direct avec de nombreux back office, et avec l’avantage du passeport européen. Il y est très facile d’y recruter des salariés pointus et parlant toutes les langues.
Que change le Brexit ?
Aujourd’hui, nous avons besoin vis-à-vis des investisseurs de travailler avec des juridictions établies, dont la stabilité inspire confiance. Je pense à l’Alternative Investment Fund Managers Directive (AIFMD). 80% de nos clients investissent en Europe.Dans le secteur immobilier, l’investisseur doit pouvoir se projeter à moyen terme avec un niveau de sécurité maximum, ce qui suppose une régulation sans faille.
Actuellement, nous avons de nombreux deals en cours en Allemagne. Cette tendance va se renforcer, comme au Moyen-Orient, où la chute des prix du pétrole pousse les investisseurs à regarder les Etats-Unis et la zone euro. La volatilité des actifs pourrait aussi déplacer des capitaux hors du UK.
C’est pour cela que le Brexit ne devrait pas avoir d’impact sur notre business plan. Les trois associés fondateurs sont d’ailleurs originaires d’Europe continentale.
Allez-vous laisser des activités en Grande-Bretagne ?
A nos yeux, Londres va devenir comme Singapour. Nous allons sans doute continuer à y effectuer des opérations, mais offshore, par exemple avec des investisseurs du Moyen-Orient ou de Chine. Sinon, l’Allemagne, le Luxembourg ou Paris sont des zones où nous pouvons déménager en toute quiétude. La moitié de notre effectif travaille sur la Tech. Ils pourraient sans problème venir à Paris ou à Berlin, qui abritent déjà de nombreuses FinTech.
Pour notre développement, notamment la chasse aux talents, le Brexit va placer les jeunes salariés Britanniques dans une situation instable. Nous estimons que nous n’aurons pas du mal à renforcer nos effectifs en Europe continentale.