Le guide de la finance verte

Le guide de la finance verte
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Sommaire

La finance verte s’impose aujourd’hui comme un levier stratégique de la transition écologique et économique. Face aux défis climatiques et aux impératifs de durabilité, elle vise à orienter les flux financiers vers des projets respectueux de l’environnement.

Mais de quoi parle-t-on ? La finance verte désigne l’ensemble des pratiques financières visant à soutenir la transition écologique en intégrant les considérations environnementales dans les décisions d’investissement. Elle repose sur des instruments financiers spécifiques, tels que les obligations vertes et les fonds d’investissement socialement responsables (ISR), afin d’orienter les capitaux vers des projets durables.

Dans le contexte actuel, les investisseurs font face à une pression croissante : réglementations plus strictes, demande pour des placements durables et montée des risques climatiques. Autant d’éléments qui peuvent affecter les portefeuilles.



La finance verte et les critères ESG : un cadre structurant pour les investisseurs

Les critères ESG et leur rôle dans la finance verte

Les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) se positionnent comme la colonne vertébrale de la finance verte. Contrairement à la finance traditionnelle, qui évalue principalement la rentabilité financière, l’approche ESG prend en compte l’empreinte écologique, les pratiques sociales et la gouvernance d’entreprise.

Les critères ESG constituent donc un outil essentiel pour évaluer la durabilité des investissements. Ils permettent d’intégrer des dimensions extra-financières dans l’analyse des entreprises et des actifs. Les notations ESG, fournies par des agences spécialisées, jouent un rôle clé dans la prise de décision des investisseurs.

Les notations ESG influencent en effet désormais largement les décisions d’investissement, avec des agences comme MSCI, Sustainalytics et ISS ESG qui évaluent les entreprises sur ces critères.

L’évolution de la réglementation et ses impacts sur le marché

L’Union européenne joue un rôle précurseur dans la structuration de la finance verte à travers un ensemble de réglementations.

Trois cadres réglementaires se détachent :

  • SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) : une classification des fonds selon leur degré de durabilité

Adoptée en 2019, la SFDR améliore la transparence des produits financiers en matière de durabilité. Elle oblige les gestionnaires d’actifs et les institutions financières à publier des informations sur l’impact environnemental et social de leurs investissements.

Cette réglementation repose sur une classification en trois catégories :

  • Article 6 : il concerne les fonds qui n’intègrent pas de critères ESG spécifiques dans leur stratégie d’investissement.
  • Article 8 (« fonds verts » ou « light green ») : il regroupe les fonds qui intègrent des caractéristiques environnementales ou sociales dans leur gestion.
  • Article 9 (« fonds durables » ou « dark green ») : il concerne les fonds qui ont un objectif d’investissement durable clair, c’est-à-dire qui cherchent à générer un impact environnemental et/ou social positif en plus de la performance financière.
  • La taxonomie verte de l’UE, adoptée en 2020, est une classification des activités économiques considérées comme durables.

Elle établit des critères précis qui permettent de déterminer si une activité contribue significativement aux objectifs environnementaux de l’UE, notamment :

  • L’atténuation du changement climatique.
  • L’adaptation au changement climatique.
  • L’utilisation durable des ressources en eau.
  • La transition vers une économie circulaire.
  • La prévention et la réduction de la pollution.
  • La protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes.
  • Le CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) entend étendre et renforcer les obligations de reporting en matière de durabilité pour les entreprises européennes.

Ces trois réglementations offrent plusieurs bénéfices pour les investisseurs :

  • Plus de transparence sur la durabilité des actifs.
  • Réduction du risque de greenwashing grâce à des critères clairs.
  • Meilleure comparabilité des opportunités d’investissement ESG.

Intégrer l’ESG dans une stratégie d’investissement performante

L’intégration ESG peut suivre deux approches principales :

  • Best-in-class : il s’agit de privilégier les entreprises aux meilleures performances ESG.
  • Best-in-progress : à savoir sélectionner celles en transition vers un modèle plus durable.


Le Green Asset Ratio : un indicateur clé pour évaluer l’engagement des banques

Qu’est-ce que le Green Asset Ratio (GAR) ?

Le Green Asset Ratio (GAR) mesure la part des actifs verts dans le portefeuille d’une banque. Cet indicateur permet d’évaluer l’engagement des institutions financières dans le financement de la transition écologique.

La structure du GAR

Le GAR distingue deux types d’actifs :

  • GAR éligible : activités conformes à la taxonomie verte de l’UE.
  • GAR aligné : projets validés comme ayant un impact positif réel.

Les premiers résultats du GAR en Europe

Les premières analyses montrent un GAR moyen de seulement 3%, ce qui traduit un engagement limité des banques. Plusieurs freins peuvent expliquer ce chiffre bas :

  • Peu de projets répondent aux critères stricts de la taxonomie.
  • Complexité du reporting extra-financier.
  • Approche prudente des banques face à un cadre réglementaire évolutif.

Le GAR est-il un indicateur fiable pour les investisseurs ?

Malgré ses imperfections, le GAR reste un outil utile, bien que limité face aux risques de greenwashing. Certains investisseurs se tournent vers des indicateurs alternatifs, tels que la part d’actifs verts ou les émissions financées par les banques.



La performance extra-financière : un levier clé pour les investisseurs

Mesurer la performance extra-financière : outils et méthodologies

Parmi les principaux outils d’évaluation, on retrouve :

  • Notations ESG de MSCI, Vigeo Eiris, ISS.
  • Indicateurs de performance : empreinte carbone, impact social, gouvernance.

L’intégration de ces éléments dans les décisions d’investissement est devenue essentielle.

Les opportunités et les défis pour les investisseurs

Les principaux avantages de l’investissement ESG incluent :

  • Réduction des risques systémiques.
  • Anticipation des évolutions réglementaires.
  • Valorisation accrue des actifs responsables.

Cependant, plusieurs défis persistent : un certain manque de standardisation, des risques de greenwashing et une relative disparité entre agences de notation.



Les perspectives d’avenir pour la finance verte et les investisseurs

L’évolution des réglementations et leur impact sur les marchés financiers

L’harmonisation des normes ESG à l’échelle mondiale s’accélère. L’UE influence notamment les marchés américains et asiatiques, incitant ces derniers à adopter des normes similaires.

L’essor des nouveaux produits financiers verts

Les marchés voient émerger de nouveaux instruments tels que des :

  • Obligations vertes et durables, qui dominent le marché obligataire.
  • Fonds ESG thématiques, qui attirent un nombre croissant d’investisseurs.
  • Investissements à impact, qui privilégient de fait le financement de projets écologiques et sociaux.

Vers une finance verte plus transparente et crédible

Pour lutter contre le greenwashing, de nouvelles initiatives voient le jour. Les investisseurs ont un rôle clé à jouer en exigeant davantage de transparence et en intégrant des critères extra-financiers rigoureux dans leurs décisions.



La finance verte constitue un levier incontournable pour les investisseurs. L’évolution des réglementations et des outils d’analyse ESG renforce la nécessité d’une approche durable et responsable.