Les Fintech basées au Royaume-Uni sont d’ores et déjà affectées par le Brexit. C’est aussi le cas des banques. Selon les calculs de Reuters en mai dernier, qui a agrégé les premières annonces de départ, les banques de la City pourraient délocaliser 9.000 emplois hors de Grande Bretagne en raison du Brexit. Les principales villes bénéficiaires seraient Francfort et Dublin. L’enjeu est de taille car l’Espace économique européen représente une économie de 19.000 Mds$ et 500 millions de personnes. L’EEE comprend les 28 membres de l’Union européenne ainsi que l’Islande, la Norvège et le Lichtenstein.
Quelle est la raison des délocalisations des banques de la City ?
Pour mieux comprendre cette hémorragie, il faut revenir sur ce qu’on appelle le passeport européen. Grâce à lui, les entreprises au sein de l’Espace économique européen (EEE) ont le droit de vendre leurs produits et leurs services à l’intérieur du bloc. Dans le détail, le passeport est multiforme : il existe en fait de nombreux accords branche par branche (banques, assureurs, sociétés de gestion d’actifs).
Selon un rapport d’Oliver Wyman, 20% du chiffre d’affaires du secteur bancaire britannique repose sur le droit au passeport, soit entre 23 et 27 Mds£. Plus de 5.000 entreprises utilisent le passeport pour commercer avec le continent selon le régulateur local (FCA)
Si de nombreux établissements n’ont pas encore dévoilé leurs intentions, certaines annonces ont déjà été faites, comme le montre ce graphe de Bloomberg en date du 15 mai dernier.
Vers quelles capitales européennes les banques se dirigent-elles ?
- Deutsche Bank compte déplacer 4.000 emplois à Francfort et Dublin.
- JP Morgan prépare le déménagement de plus de 1.000 salariés à Dublin, à Francfort et au Luxembourg.
- Bien qu’il construise un nouveau siège à Londres, Goldman Sachs va affecter plus de personnel à Milan, à Paris et dans quelques autres villes de l’Union Européenne.
- HSBC compte déplacer 1.000 emplois à Paris. La moitié d’entre eux seront des Français.
Le lobby TheCityUK et la firme Freshfields estiment que la période de deux ans pour négocier la sortie de la Grande Bretagne de l’EU, conformément à l’article 50, ne sera pas suffisante pour le gouvernement Britannique. Beaucoup de groupes financiers, qui vont devoir se restructurer, ne sont pas prêts.
La Bank of England a d’ailleurs demandé aux acteurs financiers de lui fournir un plan détaillé sur leurs réponses au Brexit, d’ici le 14 juillet prochain.
L’impact du Brexit sur l’emploi financier dans toute la Grande Bretagne est évalué dans une fourchette très large, entre 10.000 et 232.000 emplois (selon les déclarations de Xavier Rolet, patron du LSE). Au final, les critères de choix sont multiples, comme la fiscalité, la langue, la qualité de vie, la taille de la place financière (BCE à Francfort), la réputation (grèves en France) ou le prix de l’immobilier.
Pour aller plus loin
Comprendre le “passeport financier” en cinq questions – Les Echos