Jusqu’à présent l’intéressement au capital d’une entreprise concerne soit les grands groupes, soit les start-ups. Chez les premiers, “la guerre des talents et les difficultés à recruter, motiver et fidéliser les salariés, incitent les actionnaires et les entreprises à mettre en place des dispositifs d’actionnariat salarié ayant vocation à partager les fruits de la croissance générée collectivement”, analyse Sébastien Hurel, co-fondateur de Kaishen, une société spécialisée dans l’accompagnement des bénéficiaires de plans d’actionnariat salarié. Et pour les seconds, “le partage de la croissance est une valeur forte, car il permet en outre de compenser une rémunération en salaires de leurs talents parfois en deçà du marché”, poursuit-il. Dans les deux cas, l’alignement des intérêts entre les associés fondateurs, les investisseurs -s’il y en a- et les salariés se révèlent être des créateurs de valeur ajoutée supplémentaire. Cet objectif est en réalité celui de toute entreprise. Quelle que soit sa taille, elle a un intérêt à ouvrir son capital à ses salariés.
Trois solutions pour intéresser ses salariés au capital
Pour une entreprise implantée en France, trois alternatives sont possibles : l’attribution gratuite d’actions (AGA), les stock-options (SO) et les bons de souscription de parts de création d’entreprise (BSPCE). L’AGA permet de réserver une partie ou la totalité des actions, lors d’une augmentation de capital, aux salariés, dont ceux arrivés après de la précédente émission d’actions. Les SO visent, elles, à associer les cadres dirigeants aux succès futurs de la stratégie menée. Quant aux BSPCE, elles donnent l’opportunité là encore au management mais aussi à tout salarié de pouvoir être impliqué plus fortement dans la vie de l’entreprise et d’être potentiellement récompensé par l’évolution positive de la valeur d’échange des parts sociales détenues.
Attention, ces solutions ne valent que pour les entreprises en France. Pour celles qui ont des unités implantées à l’étranger, “la difficulté augmente avec la recherche d’une harmonisation des dispositifs”, regrette Sébastien Hurel. Dans tous les cas, le déploiement et l’animation d’un plan d’actionnariat salarié ne se décide pas à la légère. Il doit être pensé sur une longue période et considéré comme un réel investissement pour l’entreprise, tant humain que financier. Pour bien anticiper tous les enjeux juridiques et financiers et faire les choix les plus opportuns, l’accompagnement d’avocats ou d’experts spécialisés et reconnus sur le sujet s’impose.
Les pièges à éviter dans l’intéressement au capital
“Attribuer du capital, c’est bien. Accompagner les bénéficiaires c’est mieux”, lance le co-fondateur de Kaishen. En effet, aucune de ces trois solutions à l’intéressement au capital offre un usage facile et simple pour les salariés. Il s’agit non seulement de bien expliquer les tenants et aboutissants de chacune des formules mais aussi de bien appréhender leur régime fiscal. Il s’ajoute aussi d’éventuelles difficultés pour les salariés à disposer des fonds pour exercer au moment opportun leurs SO ou BSPCE. Elles sont surmontables, si elles ne sont pas minimisées. L’entreprise a donc tout intérêt à prendre les devants et présenter les solutions possibles. Par exemple, les salariés peuvent bénéficier d’un crédit adapté au fonctionnement de ces produits. L’impact de l’intéressement au capital est indéniable sur la motivation et l’implication des salariés, mais s’ils “perçoivent ces plans comme une source de complexité quand il s’agit de réaliser des opérations et de les déclarer à l’administration fiscale, cet « investissement » peut ne pas porter ses fruits”, conclut Kaishen.