Les Français sont les usagers bancaires qui changent le moins souvent d’établissements financiers en Europe. Pourtant, l’Etat a facilité ce type de démarche comme avec la loi Hamon en 2014 et dernièrement la loi Macron en août 2015. Grâce à cette dernière, à compter du 6 février 2017, toutes les démarches du changement de compte seront effectuées par un seul interlocuteur : la nouvelle banque choisie par l’usager.
Quels sont les avantages du service d’aide à la mobilité bancaire et comment en profiter ?
Toutes les banques ont l’obligation légale de proposer gratuitement à leurs clients le service d’aide à la mobilité bancaire. Ceux qui souhaitent bénéficier de ce service doivent signer un accord écrit avec leur nouvelle banque.
Celle-ci se charge, en son nom, d’effectuer les formalités liées au changement de domiciliation pour que les virements réguliers et les prélèvements automatiques soient transférés sur leur nouveau compte. Il n’est plus nécessaire de contacter un à un leurs différents créanciers. Cela concerne aussi les comptes joints.
La loi Macron présente des aspects séduisants :
- l’ensemble des démarches est rapide (22 jours ouvrés)
- la banque d’arrivée doit tenir informé son nouveau client des démarches effectuées
- elle doit aussi signaler la liste des chèques non débités transmise par la banque d’origine
- si un chèque, encore en cours de validité, est présenté au paiement dans les treize mois qui suivent la clôture du compte, l’ancienne banque doit en avertir son émetteur “par tout moyen approprié”
Quels sont les usagers bancaires ne pouvant pas bénéficier de la loi Macron ?
La loi Macron exclut les emprunteurs immobiliers, dont les salaires sont le plus souvent domiciliés dans les livres de la banque prêteuse, durant la vie du crédit.
Les contrats d’assurance-vie étant gérés par les assureurs ne sont pas des comptes courants bancaires. Il n’est donc pas possible de les déplacer.
Les PEA ne sont pas concernés. Il faut donc les transférer par ailleurs.
Concernant le Plan et Compte Épargne Logement (PEL et CEL), il est possible de les transférer d’une banque à une autre, à condition qu’elles soient toutes les deux d’accord, mais « aucune n’est tenue d’accepter » précise la FBF. Serge Maître, le président de l’AFUB (Association française des usagers des banques) estime à 15 millions de comptes courants le nombre de comptes exclus du dispositif.
Une loi profitant aux jeunes et aux personnes ayant plusieurs comptes bancaires
Pour Luis Calleja, directeur associé spécialiste du secteur bancaire chez Oresys, cabinet de conseil en management et organisation, deux catégories de clients devraient être les plus sensibles aux nouvelles règles :
- Les 18-25 ans, attirés par les offres promotionnelles des banques digitales. En général, ils ont ouvert leur premier compte dans la banque de leurs parents.
- Les usagers multi-bancarisés, qui pourraient se recentrer sur une seule banque, pour échapper à la hausse des frais de tenue de compte.
Pour L.Calleja cependant, il ne faut pas s’attendre à un jeu de chaise musicale de forte ampleur. On avait largement surestimé le mouvement de transfert de livret A en 2009.
Selon lui, les banques vont devoir :
- soigner l’accueil des nouveaux arrivés et la qualité de service
- bien former les chargés de clientèle, notamment dans les banques traditionnelles, où la rotation des conseillers de clientèle tous les 3 ans est un facteur de vulnérabilité,
- bien analyser les facteurs d’attrition et repérer les signaux faibles.
Au final, la concurrence entre banque devrait être favorable aux usagers. Certains observateurs estiment qu’Orange Bank, qui doit être lancée en avril, pourrait en tirer profit. La loi Macron constitue aussi une opportunité pour les banques qui sauront le mieux accompagner les transferts (service SMS, application dédiée).