Du bon usage des statistiques : quand le logement ancien change de visage

Du bon usage des statistiques : quand le logement ancien change de visage
statistiques immobilières

Sommaire

Depuis le printemps 2025, un changement discret mais fondamental s’est opéré dans la lecture des statistiques immobilier, notamment sur le marché de l’ancien. Mis en lumière par Claude Taffin dans un article publié sur politiquedulogement.com, ce tournant n’est pas une simple mise à jour méthodologique : c’est une redéfinition en profondeur de notre manière d’analyser les données immobilières.

Une révolution silencieuse dans les statistiques du logement

Pendant des années, les chiffres relatifs aux ventes de logements anciens reposaient sur deux sources distinctes. D’un côté, les fichiers fiscaux de la DGFiP (MEDOC, Fidji) recensaient toutes les transactions, sans distinction claire entre logements, terrains ou locaux. De l’autre, les bases notariales (Perval et BIEN), plus précises mais incomplètes, ne couvraient qu’une partie des transactions jusqu’en 2016.

Le véritable tournant est intervenu au 3e trimestre 2022, lorsque l’INSEE a décidé d’intégrer pleinement les données des notaires dans ses séries officielles. Grâce à cette décision, les statistiques de l’immobilier ancien gagnent en fiabilité et en cohérence, avec une couverture exhaustive sur tout le territoire, y compris dans les départements d’Alsace-Moselle.

Une nouvelle définition du logement ancien

Au-delà de la source, c’est la définition même du logement ancien qui évolue. L’INSEE abandonne la définition fiscale (bien achevé depuis plus de 5 ans) pour adopter celle utilisée par les notaires. Désormais, les reventes rapides réalisées par les marchands de biens sont comptabilisées dans les ventes de logements anciens, même après rénovation ou transformation lourde. En 2023, ces opérations représentaient 3 % des ventes.

Conséquences concrètes sur les volumes publiés

Ce glissement sémantique impacte directement les statistiques immobilier. Il entraîne une révision à la hausse des volumes : le pic de ventes du T3 2021 passe de 1 202 000 à 1 248 000, tandis que le creux de 2024, souvent estimé à 780 000, est corrigé à 832 000. Ces ajustements modifient la perception de la dynamique du marché et soulignent l’importance de disposer d’outils statistiques fiables.

Un outil précieux pour les professionnels

Pour les investisseurs, promoteurs, collectivités locales ou conseillers en gestion de patrimoine, cette évolution des statistiques dans l’immobilier constitue un véritable progrès. Elle permet de mieux cerner les flux de transactions, d’identifier les segments spéculatifs, et d’éclairer les stratégies d’achat, d’arbitrage ou de requalification.

Comme on le dit souvent, les statistiques sont l’art de faire parler les chiffres. Encore faut-il qu’ils soient bien construits. Grâce à cette nouvelle approche, plus réaliste et ancrée dans les usages du terrain, l’INSEE et les notaires offrent au marché un outil statistique plus fiable et plus stratégique.