En un demi-siècle, les actifs commerciaux parisiens ont connu une profonde mutation. Autrefois capitale du commerce de gros, symbolisée par le transfert du marché des Halles à Rungis en 1969, Paris est désormais marquée par un tissu de proximité dense et diversifié.
En 2023, on recense 83 154 locaux en rez-de-chaussée, dont 60 846 sont des actifs commerciaux (commerces, services, bars, restaurants et hôtels). Cela représente une densité exceptionnelle de 28 commerces pour 1 000 habitants, contre 8 à 12 en moyenne dans les grandes métropoles européennes. Malgré la montée du e-commerce et le choc du Covid, le taux de vacance reste limité à 10,9 %, preuve d’une vitalité commerciale remarquable.
Les grandes mutations (1970–2025)
Le début du commerce de gros dans les années 1970–1990 a libéré de vastes surfaces ensuite investies par de nouveaux actifs commerciaux orientés vers le détail, les services et la restauration. Au tournant des années 2000, la capitale comptait près de 62 000 commerces. La structure évolue : recul de l’habillement, essor des supérettes (+24 % entre 2003 et 2005) et montée en puissance de l’alimentaire de proximité.
La décennie 2010–2019 marque l’impact de l’e-commerce, qui fragilise certains actifs commerciaux traditionnels (mode, culture), tandis que les commerces de bouche, bio et cavistes progressent. Les loyers commerciaux augmentent (+14 %), reflétant la pression sur les emplacements parisiens.
La séquence 2020–2023, dominée par la crise sanitaire, a entraîné –842 commerces (–1,4 %), avec des disparités : recul du prêt-à-porter (–621 boutiques), mais hausse de la restauration rapide (+352 établissements) et des commerces alimentaires spécialisés (+310). Entre 2003 et 2023, le commerce de gros en rez-de-chaussée s’est effondré (–77 %), laissant place à de nouveaux actifs commerciaux de proximité.
Focus sur la restauration
Avec 15 400 établissements en 2023 (18,5 % des locaux commerciaux), la restauration illustre la vitalité des actifs commerciaux parisiens. La restauration rapide s’est envolée (+35 % en vingt ans), tandis que les restaurants traditionnels progressent (+17 %) et que les cafés reculent (–6 %). Après la pandémie, la croissance ralentit mais reste positive.
Loyers commerciaux : un enjeu central
Depuis 2008, l’Indice des Loyers Commerciaux (ILC) a augmenté de +36 %, atteignant 135,9 au T1 2025. Si la hausse récente se limite à +0,96 % sur un an, la pression immobilière demeure forte, compliquant l’installation de nouveaux acteurs indépendants sur les actifs commerciaux parisiens.
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L’histoire des actifs commerciaux parisiens témoigne d’une capacité d’adaptation constante. De la fin du commerce de gros à l’essor des supérettes, des commerces bio et de la restauration rapide, Paris conserve aujourd’hui une densité inégalée en Europe. La question centrale reste de savoir comment préserver cette diversité face au double défi du e-commerce et des nouveaux usages urbains, tout en maintenant l’attractivité des actifs commerciaux de proximité.