Plusieurs clients de Carte Financement ont eu la désagréable surprise de voir leurs banques leur demander l’accord de leur conjoint pour acquérir leur résidence principale, alors qu’ils sont mariés sous le régime de la séparation et que l’apport est effectué sur fonds propres.
Ces banques s’appuient sur l’article 215 du Code Civil, qui traite du logement familial :
« Les époux s’obligent mutuellement à une communauté de vie. La résidence de la famille est au lieu qu’ils choisissent d’un commun accord. Les époux ne peuvent l’un sans l’autre disposer des droits par lesquels est assuré le logement de la famille, ni des meubles meublants dont il est garni. Celui des deux qui n’a pas donné son consentement à l’acte peut en demander l’annulation : l’action en nullité lui est ouverte dans l’année à partir du jour où il a eu connaissance de l’acte, sans pouvoir jamais être intentée plus d’un an après que le régime matrimonial s’est dissous.»
Une condition non fondée pour l’octroi d’un crédit immobilier
Pour la Chambre des Notaires de Paris, disposer d’un bien se réfère notamment à la vente du bien, une décision lourde dans le cas du logement familial. Le propriétaire du bien doit naturellement en informer son conjoint.
Dans le cas de l’acquisition du futur logement familial, la Chambre des Notaires de Paris ne voit pas quelle est l’intention du créancier, puisque le couple a opté pour la séparation du patrimoine. Ce régime est très clair. Ainsi, à l’achat, l’article 215 AL3 ne nécessite pas de faire intervenir le conjoint, qui ne fait pas d’apport, pour obtenir le financement.
Lors du Congrès des Notaires de 2010, un rapport avait été publié sur les premiers investissements des couples. En marge de ce rapport, il ressortait qu’au moment de l’achat, le bien ne constituant pas encore le logement de la famille, l’accord du conjoint n’est alors pas nécessaire, même en cas de prêt hypothécaire.
Les banques ne seront certainement pas du même avis, car à la mise en place du crédit immobilier, la banque demande à l’emprunteur quel est l’usage de la propriété (résidence principale ? investissement locatif ? résidence secondaire ? etc.). D’autant plus que l’emprunteur doit également souscrire une assurance emprunteur dont les garanties diffèrent en fonction de l’usage de la propriété.
Une pratique bancaire isolée
Néanmoins, un autre notaire, situé dans les Yvelines, nuance légèrement ces propos. On pourrait imaginer que l’établissement de crédit fasse cette demande, dans la mesure où une garantie hypothécaire est demandée ou un PPD, en aucun cas en cas d’appel au Crédit Logement.
Pour lui, ce serait le fameux « parapluie du banquier », une disposition plutôt contre-productive. A vrai dire, il n’a jamais été confronté à cette situation. Visiblement, ce type de démarche semble relativement rare.
Une démarche justifiée par les banques en cas de défaut de paiement
Dans le cadre de l’acquisition d’une résidence principale par un couple marié en séparation de biens ayant recours à un crédit immobilier, certaines banques demandent à ce que les conjoints soient tous deux co-emprunteurs ou bien que le conjoint qui ne souhaiterait pas être acquéreur (et impliqué dans le crédit immobilier) soit tout de même présent à l’acte en spécifiant qu’il refuse d’exercer ses droits dans le cadre de l’article 2015.
Les banques justifient leur position en expliquant qu’en cas de défaut de paiement, il faut que la banque puisse saisir le bien et le vendre dans les meilleures conditions, sans qu’un des deux conjoints puissent interférer. Cela nous ramène à la remarque de la Chambre des Notaires, qui précise bien que disposer d’un bien correspond notamment à la vente d’un bien.
Il peut paraître étonnant que cela ne pose absolument aucun problème dans le cadre de l’intervention de Crédit Logement pour cautionner le prêt car le contrat de Crédit Logement comprend une promesse d’hypothèque, qui doit permettre in fine la saisie du bien en cas de défaut de paiement de l’emprunteur.